2ème et dernière chance d’obtenir un ticket pour The Wave ; à nouveau plus de 60 groupes ; à nouveau mon numéro de sortira pas au bingo. Bon ben voilà, je suis venu ici pour rien ! Je rentre à l’hôtel – plus rien ne me retient ici. Je m’affaire à trouver un hôtel pour ce soir – je choisis Hurricane – histoire de me rapprocher un peu de Las Vegas ; et enfin préparer le trail du jour
Ce sera White Domes – en bonne place sur ma Wish List, et c’est sur la route. 2 options de rando – je prends la plus courte, par Water Canyon, mais aussi la plus dure – la mule a pleine confiance en ses pattes dirait-on – même pas peur ! Le temps de charger les cartes topo et la trace GPS ; en route mon kiki.
La piste qui mène jusqu’au réservoir au trailhead est en très bon état, et accessible en voiture. Je démarre le trail vers 11h30. Au début le canyon me rappelle la Left Fork of North Creek du Subway – et c’est normal, on est tout près de Zion. 45 minutes pour arriver à Water Canyon, je sors le trépied pour les poses longues. Jusqu’ici tout va bien
Avant de continuer ma marche vers l’amont. Euh… ? mais comment on fait pour monter tout ça ?
Et « ça », ce n’est qu’un aperçu de ce qui attend la mule… Il faut monter, monter, et monter sur des chemins en corniche. Ceux-ci forment un labyrinthe vertical et la mule navigue au petit bonheur la chance… Mais rappelez-vous : la chance, la mule elle n’en a pas : je dois souvent rebrousser chemin – tantôt le chemin se termine sur un point de descente en rappel dans le canyon ; tantôt le chemin pris semble finalement redescendre dans le canyon.
La mule souffle, la mule grogne, la mule a mal aux pattes, très mal. Quand enfin j’atteins le « sommet », je n’ai aucune idée où aller. Pas de cairn, rien. Je suis comme sur un plateau, mais c’est une cuvette ; et il faut encore monter pour en sortir
J’avance au cap ; en craignant l’impasse à chaque fois que je grimpe une bosse. Je regarde la carte, le plateau est comme un réseau de washes, et sur la fin le trail semble suivre l’un d’entre eux. Il est là… mince, je suis trop haut. J’avance prudemment, jusqu’à devoir descendre une paroi de 2 mètres. Dans le wash, quelques traces dans le sable à moitié effacées par la pluie. Je suis bon.
Mais le calvaire n’est pas fini ; cela continue de grimper
Il est presque 15h quand j’atteins les domes blancs. 3h30 d’une pénible ascension de 660 mètres de dénivelée. Mais quelle récompense là-haut les amis ! Un sublime décor à rendre sotte la moindre mule.
En montant sur les domes, on a une autre vue sur le siteOn aperçoit même Zion au loin
Je reste 45 minutes sur le site ; avant d’attaquer la descente.
Ah ! Un cairn m’indique l’endroit où il faut quitter le wash. Pas bien loin de là où j’y étais descendu finalement… Je poursuis, mais à nouveau c’est au pif… Comme je m’y attendais, je ne suivrai pas exactement le même chemin qu’à la montée. Plus je m’engage dans le canyon, plus ma trace GPS ne ressemble à rien. Impossible de s’y fier ; la précision ici ne vaut rien.
Mes genoux et mes chevilles s’endolorissent à chaque pas, à chaque choc. A chaque glissade aussi – et là tu stresses : il n’y a que toi sur le trail, et si ta mule se casse une patte, il faudra passer la nuit ici. Un peu de lucidité que diable !
C’est un soulagement d’atteindre Water Canyon. Le dernier tronçon de la rando me parait interminable… Il est 18h quand j’arrive à la voiture.